Les hommes, les abeilles et les pesticides

Publié le par TT

Les ABEILLES sont des acteurs de la biodiversité. Leur présence est non seulement indispensable à la production nationale de miel et d’autres produits de l’apiculture mais aussi à la pollinisation et donc à l’agriculture.
Les mortalités importantes d’abeilles enregistrées
en divers points du globe ( du essentiellement aux pesticides) et en France mobilisent la communauté scientifique et les professionnels .

Rejoignez le mouvement européen pour la sauvegarde des abeilles et pour une agriculture sans pesticides, respectueuse des écosystèmes.               Pollonis

le 20 mai journée mondiale des abeilles.


Actualités
27 avril 2018, les représentants des Etats membres de l’Union européenne ont décidé d’interdire trois produits de cette famille d’insecticides jugés dangereux pour les abeilles sur toutes les cultures de plein air. Le texte concerne trois néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame), dont elle avait partiellement restreint l’utilisation en décembre 2013 . Plus sur le Monde.fr
4 décembre 2019, le tribunal administratif de Nice interdit deux insecticides (Closer et Transform) à base de sulfoxaflor, apparenté aux néonicotinoïdes. Ces deux produits viennent de DOW Chemicals
5 octobre 2020 : Les députés ont voté lundi 5 octobre pour permettre aux producteurs de betteraves de réutiliser temporairement les très controversés néonicotinoïdes, ces pesticides "tueurs d'abeilles". Si des alternatives existent à moyen et long terme, il s'agirait d'une décision d'urgence pour sauver la filière.
1er février 2022 : un arrêté autorise de nouveau les néonicotinoïdes sur les semences de betteraves sucrières en 2022. Ces produits sont pourtant interdits depuis 2018.
19 janvier 2023 : C'est une victoire de taille pour les associations écologistes. Par la voix de son ministre de l'Agriculture, le gouvernement a annoncé qu'il renonçait à prolonger, pour la troisième année consécutive, les dérogations d'utilisations des néonicotinoïdes pour la filière betterave. Le gouvernement a dû se résigner face à l'arrêté de la Cour de justice européenne, publié le 19 janvier, interdisant formellement aux États membres de contourner l’interdiction des semences traitées avec ces pesticides dits "tueurs d'abeilles".
29 juin 2023 : Les juges du Tribunal administratif de Paris ont reconnu la responsabilité de l’État dans l’effondrement de la biodiversité, après plusieurs décennies d’épandage intensif de produits toxiques pour la biodiversité, et de contamination généralisée de l’eau, des sols et de l’air par leurs résidus.

Face au déclin dramatique de près de 80 % des populations d’insectes volants ces 30 dernières années en Europe, et à la disparition dans leur sillage de 60 % des oiseaux des champs, POLLINIS a lancé en 2022 un procès salutaire face à l’État français, avec les associations Notre Affaire à Tous, Biodiversité sous nos pieds, ANPER-TOS et l’ASPAS. Leur but : obliger les dirigeants à réviser les procédures défectueuses d’évaluations de la toxicité des pesticides, qui laissent Bayer-Monsanto, BASF, et tous les immenses producteurs de pesticides, commercialiser des centaines de substances extrêmement nocives pour le vivant ; et obtenir la réévaluation des près de 3 000 pesticides autorisés en France sur la base de nouveaux protocoles mis à jour et drastiquement renforcés. 


1) Le rôle de l'abeille

a) Un élément indispensable

Les abeilles assurent 80 % de la pollinisation et donc de la reproduction des plantes à fleurs !
Elles jouent un rôle essentiel dans notre chaine alimentaire : 35 % de nos ressources alimentaires (fruits, légumes, oléagineux... ) dépendent de cette action fécondatrice des insectes dont les abeilles
Une abeille peut butiner de 3000 à 5000 fleurs par jour.
Espèce sentinelle : son état de santé est un indicateur de la qualité de son environnement et donc du nôtre !

b) statistiques

20 000 espèces d'abeilles dans le monde dont 1000 espèces en France.
Une seule reine pour 40 à 60 000 ouvrières et quelques centaines de mâles. Le mâle n’est pas capable de se nourrir seul.
Nectar et pollen sont prospectés sur un rayon d’environ 4 km.
Une abeille butineuse effectue une centaine de voyages par jour à une vitesse moyenne de 30 km/h en transportant une charge équivalente à son poids !


2) Pourquoi les abeilles sont elles menacées ?

La mortalité élevée des abeilles (jusqu'à 30% de mortalité)  enregistrée en divers points du globe et en France mobilisent la communauté scientifique, les professionnels et les pouvoirs publics depuis plusieurs années. L'exposition aux pesticides est pour beaucoup la cause principale ..
En butinant les fleurs traitées et en buvant dans les flaques d'eau contaminées, les abeilles sont exposées aux pesticides. Ces produits altèrent leur mémoire, elles se souviennent moins bien du chemin de retour à la ruche et les rendent plus vulnérables face aux prédateurs. Avec moins d'abeilles, la pollinisation est plus faible, la production est de moins bonne qualité et moins abondante.

statistiques sur la disparition des abeilles


3) A propos des pesticides néonicotinoïdes tueurs d'abeilles

L'association Pollinis est une des nombreuses associations qui se sont battus et se battent toujours  pour interdire l'utilisation de ce type de pesticides.
Le lobbying des multinationales agrochimiques comme
Bayer et Now  par exemple est important et l'interdiction totale de ces pesticides qui génèrent des profits très importants pour ces sociétés ne sont pas prêts de disparaitre.

Utilisés dans l'agriculture pour la protection des plantes contre les insectes parasites, les néonicotinoïdes sont des neurotoxiques. Ils affectent principalement le système nerveux central des insectes. Ils sont donc extrêmement efficaces pour lutter contre la prolifération des pucerons sur les cultures. Ces insecticides sont pourtant particulièrement néfastes pour les pollinisateurs et interdits en Europe depuis 2018.
Une étude menée par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) a démontré qu'une faible quantité de ces produits pouvaient décimer une colonie entière d'abeilles.
L'utilisation de ces pesticides accentue la mortalité des abeilles qui ne cesse de croitre ces dix dernières années et donc génère des conséquences graves sur la chaine de vie.
19 mars 2016 : C’est à la suite de plus de deux heures et demi de débats intenses dans l’Hémicycle que l’amendement à la loi Biodiversité proposant une interdiction des néonicotinoïdes à été adopté de justesse à 30 voix pour et 28 voix contre.

La fin du permis de tuer les abeilles s'est donc joué à l’Assemblée nationale en 2016. Plus de soixante députés, dont l'ex-ministre de l’Ecologie Delphine Batho, ont bataillé avec ardeur face à la pression des lobbies pour maintenir un amendement qui vise à interdire totalement les pesticides néonicotinoïdes dès 2017.

De nombreuses études ont montré que ces substances ultra-toxiques peuvent rester présentes dans le sol jusqu'à trois ans après le traitement et que les cultures non-traitées replantées sur le même terrain révèlent des traces de néonicotinoïdes jusque dans leur pollen... que viennent ensuite butiner les abeilles !

Loi biodiversité : L'interdiction des néonicotinoïdes abrogé !
Les néonicotinoïdes ne nuisent pas aux abeilles selon Bayer

L'atlas des pesticides


4) Sulfoxaflor et flupyradifurone: sont ils des néonicotinoïdes ?

L'industrie des pesticides essaie de cacher la réalité derrière deux nouveaux produits chimiques, similaires au groupe très connu des néonicotinoïdes lié à la mort massive des abeilles dans le monde entier.

Un article de "Pesticide action network"

23 octobre 2017: L’annonce a fait l’effet d’une bombe chez les apiculteurs : le Sulfoxaflor, un pesticide néonicotinoïde tueur d’abeilles, vient d’être autorisé en France!
Il s’agit là d’un coup de force inouï des multinationales du toxique alors même que la France a décidé d’interdire ces pesticides à partir de 2018 et qu’une étude alarmante vient tout juste d’être publiée démontrant que les pesticides - en particulier les néonicotinoïdes - seraient responsables de la disparition de 80% des insectes en Europe en moins de trente ans.
Fin 2019 , le Sulfoxaflor définitivement interdit en France.

5) Les pesticides SDHI , une bombe à retardement

a) Le contexte

Produits phares de l’agrochimie, les fongicides SDHI sont déversés depuis les années 2000 en quantité industrielle en Europe pour tuer champignons et moisissures dans les cultures. Tomates, céréales, pommes, raisins… quasiment tous les produits alimentaires sont contaminés.

En France par exemple, 70 % des cultures de blé tendre et 80 % des cultures d’orge sont traitées avec des SDHI. Ce sont les résidus de pesticides les plus souvent quantifiés dans nos aliments1. Ces molécules agissent sur les mitochondries des cellules en inhibant une enzyme, la succinate déshydrogénase (SDH), ce qui bloque la respiration cellulaire et provoque la mort de la cellule.

Ces fongicides ont passé les tests d’évaluation règlementaire avant leur mise sur le marché – tests censés garantir que ces produits ne poseront pas de risques majeurs – mais des expériences en laboratoire menées en 2017 par Pierre Rustin, directeur de recherche au CNRS/INSERM, et Paule Bénit, ingénieure de recherche à l’INSERM, révèlent que les molécules SDHI n’agissent pas uniquement sur les champignons, mais peuvent bloquer également la respiration des cellules humaines et des vers de terre.

b) Le scandale

À la suite de cette publication, l’ANSES a finalement missionné un comité d’experts pour se pencher sur le dossier, qui a rendu son avis3 en janvier 2019, concluant à l’absence d’éléments pour enclencher l’alerte sanitaire, alors même qu’il subsistait « un fort degré d’incertitude sur nombre de questions ».

Cet avis comportait cependant plusieurs limites. Selon Pierre Rustin et Paule Bénit, le mécanisme d’action très particulier des SDHI sur les cellules n’a pas été pris en compte par les experts missionnés par l’agence, dont aucun n’est spécialiste des maladies mitochondriales.

En 2020, alors que la pression de la société civile et de la communauté scientifique grandit, l’ANSES lance un groupe de travail dédié au SDHI, censé apporter en trois ans des réponses plus précises que celles du GECU. Il rend son avis en décembre 2023.

c) Les solutions

Alors qu’il est désormais prouvé scientifiquement que les SDHI peuvent agir sans discrimination sur la respiration cellulaire de nombreux organismes, POLLINIS exhorte les autorités publiques à prendre des mesures d’urgence. Avec les chercheurs qui ont lancé l’alerte, POLLINIS a déposé une pétition au Parlement européen (une démarche administrative particulière, différente des pétitions de mobilisation citoyenne) demandant un moratoire sur les SDHI et une réévaluation de ces molécules.

Après son examen en septembre 2020, la commission des pétitions a souhaité conserver ce dossier à l’agenda européen en gardant la pétition ouverte et en demandant sa transmission à l’autorité sanitaire européenne (EFSA) ainsi qu’aux États membres. POLLINIS espère ainsi susciter un débat plus large au sein du Parlement européen sur les failles du système d’homologation des pesticides.

Au niveau français, l’association a également mené une campagne d’interpellation des ministres de l’Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique. Environ 67 000 personnes leur ont déjà demandé le retrait immédiat des fongicides SDHI du marché.

POLLINIS demande une mise à jour scientifique des protocoles européens d’évaluation, sur la base de l’état actuel des connaissances, pour évaluer la toxicité réelle des pesticides, comme prévu par le cadre réglementaire (règlement (CE) n°1107/2009, article 4). La pétition de POLLINIS et des deux scientifiques a été examinée à nouveau le 15 mars 2022 par la commission des pétitions. Elle a reçu le soutien des eurodéputés de cette instance, qui ont décidé de la maintenir ouverte, en attendant les prochaines évaluations de l’EFSA sur les SDHI, et de demander des informations complémentaires et actualisées sur ces molécules à la Commission européenne.

Le 16 février 2023, POLLINIS a déposé un recours au Tribunal de l’Union européenne contre la décision de la Commission de renouveler, pour la 5ème fois et en dépit des alertes scientifiques sur les dangers des pesticides SDHI, l’extension d’approbation du boscalid dans l’Union européenne. En attente du jugement depuis un an, POLLINIS a de nouveau déposé, le 9 février 2024, un recours contre la 6ème prolongation de l’autorisation du boscalid.

Il est indispensable d’appliquer le principe de précaution en retirant, non seulement le boscalid, mais également tous les pesticides SDHI du marché.


5) La Surmortalité des colonies d'abeilles

Ce phénomène est complexe et met en œuvre de nombreux facteurs susceptibles d’interagir lors d’expositions concomitantes ou successives.

a) Les causes biologiques

Vingt-neuf agents pathogènes et prédateurs de l’abeille (prédateurs, parasites, champignons, bactéries et virus) sont aujourd’hui dénombrés et connus. Tous ces agents participent potentiellement aux affaiblissements et pertes de colonies d’abeilles. Certains de ces agents peuvent agir simultanément.

b) Exposition aux produits chimiques employés dans l’environnement. 

Les abeilles peuvent être exposées, comme l’ensemble des organismes vivants, aux divers agents chimiques susceptibles d’être présents dans l’environnement. Dans les zones cultivées, la majeure partie de ces agents chimiques appartient à la catégorie des produits phytopharmaceutiques, encore appelés produits phytosanitaires ou pesticides. Les abeilles sont exposées directement lors de l’application du traitement, mais également via les résidus de pesticides contenus notamment dans les matrices récoltées par les abeilles . 

c) L’alimentation

Pour couvrir leurs besoins, les abeilles ont besoin, outre du nectar nécessaire aux butineuses en vol, d’un pollen de qualité issu d’une flore diversifiée (source de protéines) et de miel (source d’énergie) stockés au cours de la saison apicole. Toutes les ressources alimentaires ne sont pas de qualité équivalente. En effet, certains pollens, plus riches en nutriments, sont choisis de façon préférentielle par les abeilles.
La diminution de la biodiversité, liée notamment à la monoculture a pour conséquence une réduction du nombre d’espèces de plantes disponibles et un raccourcissement de leur temps de floraison. Le manque de pollen, l’absence de réserves suffisantes, un manque de diversité ou de qualité  dans ces apports peuvent affecter la bonne santé des colonies d’abeilles; 

d) Les pratiques apicoles 

De la tenue du rucher dépend son état sanitaire : il est donc essentiel que l’apiculteur porte une attention particulière aux facteurs critiques permettant le bon développement de ses colonies Le respect de règles techniques et de biosécurité en termes de milieu de vie, essaimage, nourrissement, etc. est indispensable à la bonne santé du rucher. Il est également nécessaire d’effectuer des contrôles réguliers et d’utiliser de manière adéquate les traitements contre les maladies.  

e) D’autres causes

En l’absence de diagnostic étiologique, de nombreux cas de mortalité restent à ce jour d’origine indéterminée.
Une grande diversité de facteurs, intervenant de façon isolée ou en association, est donc susceptible de provoquer une mortalité anormale de colonies d’abeilles. Certains de ces facteurs sont aujourd’hui bien connus et régulièrement identifiés (c’est le cas de nombreux agents biologiques et chimiques).
Cependant, pour d’autres, leur effet est difficile a démontrer (effet de l’environnement nutritif, de facteurs climatiques, de certains produits phytopharmaceutiques, certaines infections virales, etc.). De plus, l’effet de l’action combinée de plusieurs d’entre eux reste, à ce jour, et malgré les études en cours, encore peu connu.


6) A Cuba, les abeilles sont heureuses

Dans les vallées de la province de Matanzas, à Cuba, les abeilles virevoltent au grand air sans la menace des pesticides qui déciment leur population dans le reste du monde. Cette pureté de leur environnement et un régime riche en fleurs sont à l'origine d'un miel convoité en Europe.
L'environnement des abeilles cubaines est devenu pur avec la crise économique des années 1990 provoquée par l'effondrement de l'Union soviétique: celle-ci fournissait à l'île des milliers de tonnes de pesticides, fertilisants et herbicides; quand cet apport a subitement cessé, Cuba n'a pas eu d'autre choix que de développer des alternatives naturelles, ce qui a réduit à quasiment zéro le recours aux produits chimiques, si néfastes aux populations d'abeilles et à la qualité du miel.
Malgré ses 8.834 tonnes de miel produites en 2018 - soit 1.300 de plus que l'objectif visé par l'Entreprise apicole cubaine (Apicuba, public) - Cuba reste bien loin derrière l'Argentine, premier producteur d'Amérique latine avec 76.000 tonnes de miel en 2018, selon les chiffres de 2017 de l'Agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).
Dans la campagne cubaine, les abeilles ne sont exposées à aucun grand risque naturel ni menace humaine et profitent d'une température estivale toute l'année et d'une humidité qui leur assure des fleurs en permanence.
"Nous n'utilisons aucun produit chimique lors de la fumigation des ruchers ou du désherbage", ni "aucun antibiotique", des produits de toute façon difficiles à obtenir en raison de l'embargo américain en vigueur depuis 1962.

Les hommes, les abeilles et les pesticides
Les hommes, les abeilles et les pesticides

7) Coronavirus et abeilles

L’aveuglement général de la dimension criminelle du modèle économique dominant est, incontestablement, celui de la disparition catastrophique des abeilles. L’irresponsabilité collective c’est de croire que le « monde » peut vivre sans les abeilles et que la nature ne pourrait pas réagir à la disparition de l’un des maillons les plus importants de sa chaine écologique et à la rupture extraordinairement rapide des équilibres naturels.
Peut-on penser une seule seconde que la place des abeilles qui disparaissent, resterait éternellement vide ? Et si la disparition des abeilles expliquait la naissance d’un certain nombre de virus et d’autres microbes plus ou moins dangereux ? Pourquoi s’interdirait-on de penser que l’usage intensif des produits chimiques dans l’agriculture, tels que les pesticides, les phytosanitaires, les engrais chimiques et autres antibiotiques massivement utilisés dans les élevages intensifs qui détruisent les conditions de vie des abeilles, ne produisent pas en même temps les conditions d’apparition de nouveaux virus. Le corona virus n’est-il pas l’un des nombreux « héritiers » possibles des abeilles ?
Pendant des années et des décennies, on s’est interdit, avec souvent l’appui d’experts généreusement rémunérés par les fabricants de ces produits-poisons, de voir l’évidence des liens entre l’agriculture capitaliste intensive et la disparition des abeilles, comme de plusieurs autres espèces animales et végétales. Combien de temps nous faudra-il pour voir le lien entre l’accélération extraordinaire de la disparition du « vivant » et l’apparition de nouvelles pandémies incontrôlables et visiblement d’ampleurs inconnues ?


8) Les abeilles et le confinement

"Il y a des fleurs partout, c'est calme comme jamais". La remarque en avril 2020 d'un apiculteur qui constate que ses abeilles revivent et qu'elles s'activent pour produire beaucoup de miel cette année.
Depuis plusieurs années, on entend beaucoup parler des abeilles qui meurent. Les principales causes sont connues : cocktails de pesticides, insecticides et fongicides, servis dans les cultures, mais aussi manque de nourriture au printemps et en automne.
Avril 2020, l'activité forestière est suspendue, les tronçonneuses des bûcherons sont muettes, les promeneurs et les touristes sont confinés chez eux. Il n'y a plus de circulation d'aucune sorte, ni sur les sentiers, ni sur les pistes cyclables.  L'agriculture, elle aussi, tourne au ralenti. Les paysans n'ont pas encore fauché les prairies comme les autres années, les traitements agricoles sont moins nombreux. Tout est calme et moins pollué, les abeilles peuvent butiner sans être dérangées


9) La disparition des abeilles aux Etats Unis

Au premier jour du printemps, un océan de fleurs blanches. Ce sont les amandiers de Californie. Des champs à perte de vue. Ici, on produit 900 000 tonnes d'amandes par an, 80% de la production mondiale. Un marché florissant pourvu que les abeilles soient au rendez-vous. Les ruches viennent des quatre coins des États-Unis. Des milliers de kilomètres, deux à trois jours de voyage pour les abeilles. C'est la plus grande migration de butineuses au monde. Certaines viennent du Texas et ont un mois pour polliniser tous les amandiers et pourtant...
En 2014 et 2015 , les Etats-Unis ont connu des pertes d'abeilles sans précédent. Plus de 45% des colonies d'abeilles ont disparu en 2 années.
Depuis cette année, le nombre d'abeilles aux USA n'arrête pas de décroitre et
leur population aurait baissé de 45 % à l'échelle nationale, entre avril 2020 et avril 2021, tandis qu'en Pennsylvanie, 41 % des colonies auraient disparu


10) L'abeille noire de l'ile de Groix (Morbihan)

Située au large de la Bretagne, l’Île de Groix offre un environnement particulièrement propice aux abeilles et autres pollinisateurs sauvages. Activités agricoles marginales et exemptes de pesticides, flore endémique, et pratique d’une apiculture naturelle font de ce territoire insulaire un havre de paix qui abrite une population d’abeilles noires locales aux qualités remarquables.
Grâce à la pratique d’une apiculture dite naturelle qui limite drastiquement toute intervention sur les ruchers telle que le nourrissement, les traitements chimiques contre les parasites ou l’élevage de reines, les abeilles domestiques de Groix évoluent selon les règles de la sélection naturelle, et figurent ainsi parmi les plus robustes spécimens d’Apis mellifera mellifera d’Europe, l’abeille noire endémique à l’ouest du continent.
Afin de protéger cet environnement remarquable, le cortège endémique de pollinisateurs sauvages et les populations d’abeilles noires exceptionnelles qu’il abrite, POLLINIS a lancé en janvier 2022 une campagne de mobilisation pour obtenir la protection juridique de l’Île de Groix et de ses pollinisateurs.
Dans cette campagne assortie d’une pétition, l’ONG demande au gouvernement de prendre les mesures indispensables à la protection de l’écosystème groisillon, de ses abeilles mellifères et de l’ensemble des pollinisateurs sauvages. Déjà soutenue par près de 60 000 personnes, la campagne de POLLINIS demande au gouvernement de mettre en place une législation forte contre toute introduction d’abeilles et de matériel apicole assortie de sanctions, et de protéger les pratiques apicoles naturelles en place sur l’île. Une demande particulièrement urgente puisqu’aujourd’hui seul un arrêté adopté par la municipalité en 2008 interdit l’introduction de ruches et d’abeilles sur Groix, vecteur de maladies, ou de parasites.


11) Des alternatives pour assurer la récolte de betteraves sucrières

a) Les alternatives proposées

Dans une mise à jour de son avis de 2018 sur les alternatives aux néonicotinoïdes, l’Anses a identifié vingt-deux solutions pour lutter contre les pucerons et la maladie de la jaunisse dans les cultures de betteraves sucrières. Ces moyens de lutte pourraient prendre le relais des produits à base de néonicotinoïdes, interdits depuis 2018, mais dont l’utilisation a été réintroduite par dérogation en 2020 pour les traitements des semences de betteraves. Ces solutions alternatives qui présentent des efficacités correctes mais insuffisantes en utilisation seule, nécessiteront une approche de lutte intégrée pour atteindre une efficacité suffisante, voire une évolution des pratiques culturales.
En 2020, de fortes populations de pucerons vecteurs des virus de la jaunisse ont envahi les cultures de betteraves. Cette situation a conduit à l’utilisation par dérogation de produits à base de néonicotinoïdes pour l’enrobage des semences de betteraves, en l’absence d’autres moyens de lutte suffisamment efficaces pour cette filière. Afin d’éviter que les producteurs et l’industrie sucrière ne se retrouvent de nouveau confrontés aux conséquences de ce problème, l’Anses a été saisie par le ministère chargé de l’agriculture pour identifier des alternatives efficaces et disponibles pour réduire les populations de pucerons infestant la betterave sucrière.
Quatre solutions à court terme ont été identifiées : deux produits phytopharmaceutiques conventionnels à propriété insecticide et deux pratiques à mettre en œuvre dans les parcelles cultivées afin de réduire les populations de pucerons. Il s’agit pour ces dernières du paillage et de la fertilisation organique, afin de contrôler les apports d’azote.
En plus de ces solutions immédiatement utilisables, 18 autres moyens de lutte devraient être disponibles dans un délai de deux à trois ans.

b) Dérogation prolongée en décembre 2022

En 2020, certaines cultures ont ainsi été ravagées par la jaunisse. Les parcelles les plus touchées ont perdu jusqu’à 40 % de leur rendement, mettant la filière à genoux. La France n’est pas la seule à avoir mis en place des dérogations au sein de l’Union européenne. C’est le cas de la Belgique, qui a délivré six autorisations d’utilisations des néonicotinoïdes, de la Roumanie, l’Allemagne ou encore la Pologne. Or l’arrêté est clair : aucun État membre ne peut déroger aux interdictions de ces pesticides "tueurs d’abeille".  L'annonce d'un possible troisième dérogation avait provoqué une levée de boucliers de la part des associations, notamment celles membres du conseil de surveillance, créé en 2020 pour encadrer l'usage exceptionnel de ces néonicotinoïdes

c) Interdiction définitive des néonicotinoïdes en France dès le 19 janvier 2023

C'est une victoire de taille pour les associations écologistes. Par la voix de son ministre de l'Agriculture, le gouvernement a annoncé qu'il renonçait à prolonger, pour la troisième année consécutive, les dérogations d'utilisations des néonicotinoïdes pour la filière betterave. Le gouvernement a dû se résigner face à l'arrêté de la Cour de justice européenne, publié le 19 janvier, interdisant formellement aux États membres de contourner l’interdiction des semences traitées avec ces pesticides dits "tueurs d'abeilles".


12) Les pesticides dans nos fruits et légumes

Cerise, pêche, poire, pomme, kiwi… Ces fruits appétissants contiennent des pesticides dangereux. Selon une étude du Pesticide action network (PAN), publiée mardi 24 mai 2022, près d’un tiers (29 %) des fruits produits en Europe sont contaminés par des résidus toxiques. L’ONG s’est concentré sur cinquante-cinq pesticides classés parmi « les plus dangereux », qui auraient dû être peu à peu abandonnés par les pays européens depuis 2011.
Une liste des fruits

Les fruits à éviter absolument :
Le raison, les clémentines, les cerises, les fraises,les nectarines, les oranges,les pommes (sauf si elles viennent directement du producteur)
Les légumes à éviter absolument :
Les endives,les laitues,les poivrons, les pommes de terre, les haricots verts, les petits pois ( sauf si tous ces légumes sont achetés en circuit court via le producteur).

Calendrier des fruits et légumes


13) L'invasion du frelon asiatique, tueur d'abeilles

L’expansion du frelon asiatique a repris de plus belle sur notre territoire, et avec elle, son cortège de cadavres d’abeilles tombées au combat, de colonies terrorisées, de jeunes larves décimées, et de contamination toxique généralisée de l’environnement par des produits destinés à détruire des nids toujours plus gros et nombreux. Cette situation catastrophique dure depuis plus de 15 années, durant lesquelles le frelon asiatique, une espèce invasive accidentellement importée d’Asie et responsable de la mort de millions de pollinisateurs, a progressivement envahi la majorité du territoire français malgré tous les efforts des apiculteurs et des collectivités locales pour tenter d'empêcher sa prolifération.
Endurant, robuste et quasiment dépourvu de prédateur en Europe, le frelon asiatique s’est
répandu à une vitesse fulgurante, ne laissant aucune chance aux abeilles mellifères européennes, vulnérables et sans défense, qui constituent plus du tiers de son régime alimentaire.
Des escadrilles de frelons stationnent à l’entrée des ruches, dont les colonies d’abeilles apeurées n’osent sortir sous peine d’être
sauvagement décapitées et de servir de repas aux larves des frelons, gloutonnes et avides de protéines.
Résultat : les abeilles quittent plus rarement leurs refuges, rapportent moins de nectar et de pollen à leurs congénères et comptent donc sur de maigres réserves alimentaires pour survivre à l’hiver. Pour couronner le tout, les moyens employés aujourd’hui contre le frelon asiatique ont bien souvent des
effets pervers et délétères sur la santé des écosystèmes, de la biodiversité et parfois même des riverains ! Les nids traités avec des insecticides puissants et toxiques, à base de perméthrine, se transforment en véritables bombes chimiques laissées à l’abandon dans la nature, et empoisonnent aussi bien les frelons que les autres pollinisateurs, et les espèces animales qui s’en nourrissent.
Après plusieurs années de recherches, d’essais, d’échecs et de succès que nous n’aurions pu mener sans le soutien infaillible de nos sympathisants, POLLINIS est sur le point de mettre 
sa solution Heatnest à disposition des collectivités locales, des désinsectiseurs et des groupements d’apiculteurs intéressés : un instrument efficace et respectueux de la nature, capable de venir à bout avec efficacité d’un nid de frelon, ainsi que son application-soeur qui permet de géolocaliser et signaler les nids, et de suivre la campagne de destruction de nids sur la durée - GeoNest.

légumes , fruits et pesticides légumes , fruits et pesticides

légumes , fruits et pesticides

Publié dans Notre planète

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
pour ceux qui sont intéressés par la philatélie : http://philatelier.over-blog.com/2015/11/l-abeille.html
Répondre
M
On oublie trop souvent que les abeilles sont très importantes pour la biodiversité, merci de nous le rappeler à travers votre article.
Répondre