Le Vatican et la finance

Publié le par Thierry T

Le Vatican avait appelé en 2011  à la création d'une "Autorité publique universelle" et d'une "banque centrale mondiale" pour réguler les institutions financières dans la période actuelle de tourmente et d'incertitudes. En mai 2018, Le Vatican édite un autre document sur la finance mondiale.

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autre article : Crise financière : VAtican et la prophétie de Daniel

 


1) Pour une réforme du système financier : un Doc. de 18 pages

Le document, intitulé "Pour une réforme du système financier international dans la perspective d'une autorité publique à compétence universelle", devrait trouver un certain écho chez les "indignés" du monde entier qui protestent contre les dérives du système économique actuel.
"La crise économique et financière que traversent les pays interpelle tout le monde - les personnes comme les peuples - à effectuer un discernement approfondi des principes et des valeurs culturelles et morales qui sont à la base de la vie sociale en commun", indique le Conseil pontifical pour la Justice et la Paix dans une note.
Le Vatican met en garde contre "l'idolâtrie du marché" et "l'idéologie néo-libérale" selon laquelle les problèmes actuels seraient exclusivement d'ordre technique.etat de l'europe après la crise financière
"La crise a révélé des attitudes d'égoïsme, de cupidité collective et Crise financière : la solution miracle du Vatican d'accaparement des biens sur une vaste échelle", poursuit-il, ajoutant que les économies mondiales devaient  assumer une éthique de la solidarité entre pays pauvres et riches. "Si aucun remède n'est apporté aux différentes formes d'injustice, les effets négatifs qui s'en suivront au plan social, politique et économique seront de nature à engendrer un climat d'hostilité croissante et même de violence, jusqu'à miner les bases mêmes des institutions démocratiques, celles qui sont également considérées comme les plus solides et les plus sûres", peut-on lire dans le document.
Le Saint-Siège appelle à la mise en place d'une autorité supranationale à dimension planétaire et à une juridiction universelle chargée de guider les politiques et décisions économiques.
Une telle autorité devrait prendre comme référence l'Organisation des Nations unies pour gagner ensuite en indépendance.

Structures efficaces
A la question de savoir si ce document pourrait devenir le manifeste des "indignés", le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, a déclaré :"Les gens à Wall Street doivent s'asseoir et réfléchir avec discernement pour savoir si leur gestion actuelle des finances mondiales sert les intérêts de l'humanité et l'intérêt général".
"Nous appelons l'ensemble des groupes et organisations à s'asseoir et à repenser la situation", a-t-il dit lors d'une conférence de presse lundi.
Le Fonds Monétaire International (FMI) a perdu sa capacité à réguler la création globale de monnaie et de veiller sur le montant du risque de crédit que le système assume, estime le Conseil Pontifical.
"En matière économique et financière, les difficultés plus importantes proviennent de l'absence d'un ensemble efficace de structures capable de garantir, en plus d'un système de gouvernance, un système de gouvernement de l'économie et de la finance internationale."
Le monde a besoin "d'un corpus minimum, partagé, de règles nécessaires à la gestion du marché financier mondial."
"On voit, sur le fond, se dessiner en perspective l'exigence d'un organisme assurant les fonctions d'une sorte de 'Banque centrale mondiale' réglementant le flux et le système des échanges monétaires, à la manière des banques centrales nationales", note le document.
Le Conseil pontifical reconnaît que la mise en place de ces deux instances prendra des années et se heurtera à une résistance de la part des acteurs mondiaux. "Cette transformation s'effectuera au prix d'un transfert, graduel et équilibré, d'une partie des attributions nationales à une Autorité mondiale et aux Autorités régionales, ce qui s'avère nécessaire à un moment où le dynamisme de la société humaine et de l'économie, ainsi que le progrès de la technologie, transcendent les frontières qui se trouvent en fait déjà érodées dans l'univers mondialisé."


2) Le Vatican précise sa doctrine économique en 2018
 

Un nouveau document a été édité par le Vatican en mai 2018,qui fait suite aux avancées de Benoit XVI et du 1er document édité en 2011. Ce texte s'attaque de façon directe, vigoureuse et experte aux excès de la finance mondiale.
« Libor », « credit default swap », « titrisation », « fixing », « marchés offshore »,« stakeholders »... : les termes employés dans le document sont loin du vocabulaire habituel de l’ancien Saint-Office.Une charge contre « les égoïsmes et les abus » de la finance 
Le document:
Considérations pour un discernement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel ( Œconomicae et pecuniariae quaestiones)

Pour l’économiste Leonard Becchetti, contributeur de ce document, l’objectif n’est  pas de “déconstruire“ le système financier mais d’en libérer tout le potentiel au bénéfice de tous les individus. Ce texte ambitionne en particulier de lutter contre “un monde de profits sans prospérité”. Pour l’économiste, la mauvaise distribution des richesses s’avère être l’un des principaux obstacles. C’est pourquoi, a-t-il estimé, la réponse adéquate consisterait à intensifier la régulation, en particulier des transactions financières parallèles

La note publiée en 2011 par le Conseil pontifical Justice et paix dont la proposition d’une autorité régulatrice universelle en matière financière avait été très critiquée. La note de 2011 avait certes suscité des critiques, mais la réflexion ne s’était jamais vraiment arrêtée, avec le souci de préciser certains points et de mieux les fonder dans la foi de l’Église. En outre, les prises de position du pape François sur les questions financières ont libéré certains.


3) Le détail

a) Le prêt est encouragé, mais les taux d'intérêt élevés sont critiqués

Le Vatican déplore que la crise économique et financière, commencée aux Etats-Unis en 2007 avec les prêts hypothécaires à risque (subprimes), n'ait pas débouché sur l'élimination de certaines pratiques spéculatives et la valorisation de l'économie réelle.

"Le fait d'appliquer des taux d'intérêt excessivement élevés, en réalité non soutenables pour ceux qui empruntent, représente une opération non seulement illégitime du point de vue éthique, mais aussi un dysfonctionnement quant à la santé de l'économie", écrit-il.

Le texte dénonce aussi ceux qui "provoquent une baisse artificielle du prix des titres de dette publique, sans se soucier du fait qu'il influence négativement ou aggrave la situation économique du pays".

Le Vatican enfonce le clou:

"L'argent lui-même est en soi un bon outil, comme c'est le cas de beaucoup de biens dont dispose l'homme : c'est un moyen mis à la disposition de sa liberté et qui sert à accroître ses possibilités. Toutefois, ce moyen peut facilement se retourner contre l'homme.

De même, la financiarisation du monde des affaires, en permettant aux entreprises d'accéder à l'argent grâce à l'entrée dans le champ de la libre négociation en bourse, est en soi quelque chose de positif. Cependant, ce phénomène est aujourd'hui susceptible d'accentuer une mauvaise financiarisation de l'économie ; il fait en sorte que la richesse virtuelle, principalement concentrée sur des transactions caractérisées par une intention de pure spéculation et sur des transactions à haute fréquence, attire à elle des capitaux en trop grand nombre, les soustrayant ainsi aux circuits vertueux de l'économie réelle."

b) Le Vatican fustige les paradis (fiscaux)

Le Saint-Siège critique longuement les placements offshore. "La richesse privée accumulée par certaines élites dans des paradis fiscaux a presque égalé la dette publique de leurs pays respectifs", déplore-t-il, en estimant qu'un impôt minimum sur les transactions offshore pourrait résoudre en partie le problème de la faim dans le monde.

La dette publique qui pèse sur les Etats, souvent générée par "une gestion maladroite" du système d'administration, est "l'un des plus grands obstacles au bon fonctionnement et à la croissance des différentes économies nationales". Les signataires préconisent donc "des politiques de réduction raisonnable et harmonisée".

Ce traité de la bonne finance explique pourquoi la transparence de l'information économique et financière est cruciale :

"Une bonne santé du système financier exige également l'information la plus complète possible afin que chaque personne puisse protéger, dans la pleine liberté et en toute conscience, ses intérêts : en effet, il est important qu'il sache si son capital est investi à des finalités de spéculation ou non ; ainsi, il saura clairement le degré de risque et l'adéquation du coût des produits financiers auxquels il souscrit par rapport au risque encouru."

 

 

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